Vous pensez peut-être que tous les types de yoga sont adaptés aux personnes ayant vécu des traumatismes? Non, si la pratique de yoga n’est pas adaptée à ces personnes, le yoga peut aggraver leur cas.

Voici quelques points importants à prendre en considération lorsque vous enseignez.

1. S’informer sur les traumas complexes et PTSD.
Pour donner à la personne un cours adapté à elle, on doit s’informer, comprendre le problème. Comprendre c’est quoi un trauma complexe, c’est quoi un PTSD, quels sont les symptômes, c’est quoi des déclencheurs, etc. Plus vous êtes informé, plus vous pouvez adapter.

2. En quoi consiste l’approche sensible au traumatisme?
Le yoga sensible aux traumatismes ne vise pas à faire remonter les émotions ou souvenirs, mais plutôt d’aider les étudiants à développer la conscience du corps, l’autonomie, la capacité de vivre dans le moment présent et de choisir ce qui convient à l’étudiant. Ces résultats simples ont un effet profond sur les survivants.

La sensibilisation aux traumatismes ne vise pas la formation de spécialistes. Il s’agit plutôt de comprendre le rôle que la professeure de yoga peut jouer dans l’enseignement, le soutien et l’accompagnement du rétablissement d’une personne touchée par un traumatisme. Lorsqu’un yoga thérapeute cherche à devenir sensibilisé aux traumatismes, chaque élément de son enseignement est adapté pour assurer une ambiance qui favorise la sécurité, la confiance, la compassion et une compréhension de base de la façon dont le traumatisme touche la vie d’une personne survivante. Le yoga et ces approches sensibles aux traumatismes sont fondés sur une compréhension des vulnérabilités et des éléments déclencheurs variés que les professeurs de yoga sans cette connaissance peuvent aggraver. Dans une session de yoga thérapeutique sensible aux traumatismes, l’étudiant (e) n’est pas forcé de révéler son passé traumatique, et encore moins en public dans un groupe.

Ces approches tiennent compte des vulnérabilités et des éléments déclencheurs dans tous les volets de l’enseignement, afin de donner la priorité au sentiment de confiance, de sécurité physique et émotionnelle, de choix et de contrôle du survivant.

3. Connaissez-vous la loi 21?

Savez-vous que vous ne pouvez pas guider quelqu’un au-delà d’une aide visant les difficultés quotidiennes? Savez-vous quelles sont les limites quand vous travaillez avec des personnes ayant des problèmes en santé mentale (dépression, trouble anxieux, traumatisme, PTSD)?

4. Utilisation d’un langage invitant.
Le professeur doit utiliser un langage invitant. Le professeur n’est pas là pour donner des ordres, mais bien pour proposer. Il y a un sens de l’égalité et de respect. La voix doit être agréable et douce. Le but est de faire développer l’autonomie et celle-ci s’obtient en donnant des choix, les étudiants ensuite choisiront ce qui leur convient.

5. Se reconnecter à soi-même.
Les exercices que vous choisirez devront avoir comme objectif de reconnecter la personne avec elle-même, avec douceur et amitié. Ressentir les sensations. Les ramener au moment présent. Les ramener vers le ressenti, sans leur dire quoi et où ressentir. Dépendamment, si les personnes sont prêtes, elles iront à certains endroits de leur corps ou à ressentir quelque chose et des fois non et c’est correct.

6. Éviter de faire des ajustements sans demander la permission, préférablement ne pas les toucher.
Toucher les gens sans leur permission peut-être un grand déclencheur. Et je crois que les professeurs de yoga ne sont pas conscients de la gravité. L’assistance physique est non recommandée, donc évitez de les toucher, surtout s’il y a eu abus de violence physique/sexuel et même de la négligence. Donc, faites toutes les postures avec elles et évitez de trop les observer (l’agresseur observe). Leur demander la permission avant, c’est de les placer dans une décision inconfortable, puisqu’elles ne savent pas à quoi s’attendre, c’est l’inconnu. Et celui-ci fait peur.

7. Considérez que certaines personnes pensent qu’elles ne peuvent pas dire non, surtout avec des ajustements. Donnez le choix aux élèves de dire non.
Beaucoup de personnes émotionnellement vulnérables croient qu’elles doivent vous dire «oui» pour que vous puissiez les aimer. Ainsi, les gens peuvent dire que vous pouvez les toucher, mais si le langage corporel suggère qu’elles sont inconfortables, n’oubliez pas que le corps ne ment pas. Rappelez aux personnes dans vos cours qu’elles peuvent dire non et bien sûr, vous devez être à l’aise avec leur choix.

8. Ne pas obliger la personne à fermer les yeux.
Donnez l’option de garder les yeux ouverts ou fermés. Se sentir en sécurité est important, en fait la personne va peut-être se sentir plus en sécurité, plus en contrôle si elle garde les yeux ouverts. On veut que la personne évolue à son rythme, qu’elle soit maître de sa vie et qu’elle soit autonome et ça commence par elle-même, en prenant des décisions. Donnez la liberté aux personnes, les inviter à explorer d’autres voies, si la personne est prête, elle explorera.

9. Soyez conscient des images que vous utilisez.
Sachez que les lieux, les images et certains mots peuvent avoir une charge émotionnelle, surtout si des personnes sont impliquées. Essayez de savoir avant quels sont les déclencheurs. La personne ne doit pas avancer au rythme du professeur, mais à son rythme. Utiliser des images, des lieux et mots plus neutres.

10. Donnez-leur le choix de choisir où elles sont plus en sécurité et avec qui.

11. Faites attention à l’utilisation des accessoires et même des choix des postures.
Certaines personnes ayant souffert des traumatismes peuvent être très inconfortables à utiliser des accessoires et ceux-ci peuvent être un déclencheur. Alors, donnez les choix à vos élèves de les utiliser ou assurez-vous que les personnes dans vos cours sont à l’aise à travailler avec des accessoires. Aussi, certaines postures sont plus délicates à enseigner et peuvent déclencher des souvenirs, émotions, etc. par exemple, les ouvertures des hanches comme « l’enfant joyeux».

12. Vous devez tout adapter, les postures, votre langage, votre présence, etc. n’hésitez pas à parler avec la personne et si elle peut vous dire dans quelle situation/position elle ne se sent pas à l’aise. Nous sommes des professeurs de yoga, pas de psychothérapeute, pas des spécialistes en relations d’aide. Nous ne sommes pas là pour traiter la personne, mais bien l’accompagner à travers le yoga. La priorité c’est qu’elle se sente en sécurité, en confiance, qu’elle aille à son rythme.

Vous voulez en savoir plus : https://ecoleyogasanteplus.com/yoga-therapeutique-2-2/#Yogatherapie
Prochaine formation : 2021, dates à venir…

Antonella Morun , yoga thérapeute reconnue par IAYT et formée par David Emerson et Jenn Turner aux E-U.