
Dès mes débuts d’enseignements, la vie m’a amené à travailler auprès des personnes souffrant des pathologies, des personnes âgées, venant des milieux défavorisés, des minorités visibles, des personnes en situation de handicap, en cours de groupe et bien sûr en privé. On peut dire que mes cours sont hétérogènes, inclusifs et j’adore parce que pour moi le yoga est pour tout le monde sans exception.
J’ai eu la chance d’enseigner le yoga à Montréal-Nord dans un milieu défavorisé pendant 5 ans, des personnes venant des quatre coins du monde, où on prend plaisir et détente à pratiquer le yoga et j’enseigne présentement aux personnes en situation de handicap depuis plusieurs années. Les participants ressentaient des énormes bienfaits. Les cours sont un espace pour eux de liberté, de bien-être et comme je le dis : c’est un échange entre le professeur et les élèves, nous sont un groupe uni.
En parlant avec une des élèves, elle me disait qu’on pouvait voir, sentir et se rendre compte si un professeur était un bon pédagogue ou juste un professeur de yoga qui sait les notions théoriques. Cela m’a fait réfléchir.
Enseigner c’est une pédagogie, c’est bien plus que de transmettre des notions théoriques apprises, c’est un art, un don, c’est d’avoir les qualités requises pour transmettre une connaissance, un savoir, un savoir-faire, la passion du sujet, c’est aussi savoir parler aux personnes présentent, de les guider, de lire leurs besoins et ressentir comment ils et elles se sentent. L’enseignement est une vacation, une mission et on doit honorer tous ces gens qui se placent devant nous. L’enseignant fait plus qu’enseigner, il ou elle est dévoué.
L’enseignement c’est aussi établir le contact avec l’autre, de penser à l’autre et beaucoup moins à notre personne, au « Moi », cela nous demande d’être humain, d’avoir de la compassion, de l’amour, du respect et de comprendre les souffrances, les besoins et le cheminement de la personne qui nous fait confiance pour assister aux cours et s’ouvrir aux enseignements. Cela ne veut pas dire qu’enseigner c’est facile, non pas du tout, puisque nous sommes des humains et ces personnes qui viennent dans nos cours, nous donnent un immense cadeau qui est celui qu’on puise travailler aussi sur nous, certaines situations ou réactions des élèves viennent nous toucher d’une façon ou d’une autre. Chaque étudiant me laisse un enseignement que j’essaie ensuite de l’appliquer dans ma vie et dans mon enseignement.
C’est là où la pratique personnelle du professeur est très importante, pratique pas seulement physique (posture), mais aussi dans l’implantation des enseignements du yoga dans la vie de tous les jours. Un professeur de yoga ne peut pas faire sa pratique devant ses élèves en même temps qu’il ou elle enseigne. Puis, plus on pratique et on vit le yoga, plus on guérit nos bobos et plus on devient apte à aider l’autre, tout en respectant nos champs de compétences et nos limites.
Tout aussi important que la pratique personnelle sont les formations continues. Le professeur doit se former continuellement pour être à jour. Tout évolue même les recherches en yoga et en yoga thérapeutique. Les formations nous donnent aussi des outils pour être des meilleurs pédagogues, pour ainsi transmettre le sujet, nous permettent aussi d’acquérir des nouvelles compétences et connaissances et nous permettent de pratiquer sur des vrais cas qu’on n’avait jamais pratiqué, ainsi que sur des problématiques qu’on ne connaissait pas.
La mode, les magasins de yoga, les revues de yoga ne font que célébrer et encourager les stéréotypes, les filles minces, belles, très occidentales, les postures très difficiles à exécuter et ne restent que dans des secteurs très limités économiquement où les gens ont de l’argent et peuvent s’offrir des cours, des vêtements, de tapis, etc. Le yoga aujourd’hui est devenu un business très lucratif où faire de l’argent passe en premier et guider les élèves et être présent pour eux passe en deuxième. Mais, pensons au reste de la société, les personnes en surpoids ou obèses, en fauteuil roulant et les personnes qui n’ont pas les moyens de se payer des cours à 20 $, comme ça, il y a beaucoup.
L’enseignement n’a pas de sexe, ni de condition physique, ni de couleur, ni de genre, ni d’âge, ni d’argent. Il faudrait donner plus d’importance à ce genre d’apprentissage c’est peut-être moins payant $ $$, mais plus riche. Oui, il faut vivre sa vie, payer les comptes, se payer de voyages, des vêtements, etc. Mais, je crois que la dévotion et le service doivent être là, la rémunération viendra elle aussi, j’en suis sûr. La réalité économique existe et j’en suis consciente, mais l’équilibre est tout aussi bon, faire tout gratuitement ne nous permet pas de vivre et rester dans un seulement dans un secteur très « in » ne permet pas aux gens dans le besoin d’en profiter.
L’enseignement est noble, pensons aux gens, à la majorité des gens, à ceux qui ont vraiment besoin. Le yoga est universel, pour tout le monde sans exception.
Antonella Morun
Yoga thérapeute certifiée par C-IAYT et FFY.
E-RYT® 500 Yoga Alliance
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